Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 71

« La quittance des impôts sur les boissons qu'on donne aux barrières de Paris était moins longue, dit Condorcet, qu'une quittance de convoi. Les prêtres qui doivent réprimer l’orgueil cherchent à l'exalter.

« Ils ont eu l’art de placer la vanité dans une foule de petites distinctions, de cloches, de cierges, d’ornements; ils vendent jusqu'au droit d'être enterré dans leurs temples et d'infecter après sa mort ses concitoyens... Si le mort n'a pas eu de confesseur, on permet quelquefois aux parents den payer un pour ne pas scandaliser; d’autres fois, on leur refuse cette grâce pour les dénoncer au peuple comme gens suspects de manquer de foi. Cette alternative dépend du curé qui pèse (Dieu sait dans quelle balance!) lequel vaut mieux pour l'Église d'un écu ou d'un seandale. »

Dans les villages, l'écu était impossible à arracher, et c'était plutôt en nature qu'en argent que se percevait le casuel, cause incessante des plus tristes démêlés entre le paroissien et le curé. Car « si les abus du haut clergé rendaient l'Église odieuse, ecux du elergé inférieur la rendaient méprisable (1). »

Le curé n'avait le droit de rien exiger pour les sacrements, si ce n’est pour celui du mariage. Il était obligé de tenir gratuitement un double registre des naissances et des décès, dont un restait à la paroisse ec l’autre était remis au greffe de la justice royale. Il ne pouvait se faire payer que pour les extraits de son registre. Dans les enterrements, il ne pouvait tirer profit que de la messe chantée et du luminaire (2).

Ces très menus profits légitimes complétaient d'autant moins sa « portion congrue, » qu'il devait, pour une part fixe, entretenir son presbytère et son église en bon état.

(1) Œuvres complètes de Condorcet, 64. Arago-0'Connor, t. V, p. 530. (2) P.-A. Guéroult, Dict, de la France monarchique, v° curés,