Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROÏS CLERGÉS 13

Dés desservants allaient chercher asile et subsistance chez un curé du voisinage. Il y avait des « secondaires » à 359 livres, qui mängeaient tantôt chez un confrère, tantôt chez un autre, ou qüêtaient du pain et des pommes (1).

La « lutte pour la vie » devenait fréquemment d'autant plus terrible pour le vicaire à 350 Livres et le curé à 700 livies de portion congrue que les hauts décimateurs ne les versaient pas avec régularité, et qu'il fallait faire des poursuites, des frais, pour leur arracher la maigre pitance des pasteurs des paroisses, don£ ils dépensaient les dimes en jouissances des moins religieuses.

D'autre part, ce que le pasteur eût pu obtenir des ouailles dévotes, auxquelles la nécessité le forçait d'avoir sans cesse recours, élait périodiquement ramassé par les quêteurs et quêteuses privilégiés des ordres mendiants (2).

Aussi voyait-on des vicaires et des curés affamés « boire avec leurs paroissiens et leur vendre l’absolution. » En Auvergne, tousles dimanches, raconte Schmidt (3), aux prônes, il se crée des lieutenances et sous-lieutenances de saints. Si le paysan larde à mettre Le prix, vite un éloge de saint Pierre, et les paysans de monter à l'envi. »

Cent autres exemples de la superstition hébétée de certaines populations, superstilion qu'il plaisait au clergé supérieur de laisser, de faire exploiter par le bas clergé, pourraient être cités. C'est avec raison que M. Taine y voit une des principales causes des colères de 1789 et des fureurs de 1793.

Mais est-ce donc à la Révolution qu'il faut reprocher d'avoir recueilli la tempète que l'Église semait depuis plus de mille ans ?

(4) Taine, I, p. 9498 ; d'après Hippeau, t. VI, et les manuscrits des archives nationales, B. III et D. XIX,

(2) Taine, 1, p. 481.

3) Tableaux de la Révolution, U, 7, cités par Taine.