Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 11

« non-seulement comme inférieur, mais comme roturier (1). »

Getle siluation avait été signalée comme déplorable et dangereuse, au milieu du dix-huitième siècle, par le père du grand Mirabeau, écrivant en ses Ephémérides du Citoyen : «11 y a deux classes dans le clergé : l'une, tirée de la noblesse et de la bonne bourgeoisie, n’a que des prétentions, sans vrai ministère ; l'autre, n'ayant que des devoirs à remplir, sans espoir et presque sans revenus... ne peut se recruter que dans les derniers rangs de la société civile. »

Pour venir, au fond d'une campagne asservie et affamée, disputer sa vie aux dépens de paysans misérables; pour servirles intérêts, jusqu'aux fantaisies d’un seigneur ou de son procureur fiscal, avoir la responsabilité de l'état civil, se faire à tout propos, par ordre du roi, de l'intendant, du subdélégué, de l'employé du fise, le sous-officier de la police, de l'administration et de la justice, et, dans ce métier compliqué, ajouté au ministère apostolique, ne trouver ni aisance ni honneur : un tel sort était évidemment inacceptable pour quiconque s’en eût pu procurer un autre.

La plupart des pasteurs, constatait Condorcet en 1781 hs « élevés par des congrégationsignares et fanatiques, sont incapables d'éclairer leurs ouailles, de les soulager dans leurs maux, de les conseiller dans leurs affaires. » — La dernière classe de l'ordre sacerdotal, écrit en 1789 un capucin (3), est « formée de la balayure des écoles. » Les « prêtres de charité et de nécessité, » desservants, vicaires, « sont aussi grossiers el ignorants que les peuples. » Ils se livrent dans la chaire sacrée à « d'indécentes familiarités; » quelquesuns, dans leur vie privée, à des « désordres criminels. »

(1) Taïne, I, 94, 97. (2) Œuvres, V, 530-532, L (3) Lettres à NN. SS. du clergé de France, Bibl. nat. Lb#, 1215,