Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

78 LES CAHIERS DES CURÉS

Mais ce capuein a pour les curés [a haine et le mépris que les curés ont universellement, et depuis l'origine des ordres monastiques, contre les religieux. Il exagère la réalité. S'il y avait trop de vicaires et desservants de villages qui n'avaient pu être recrutés que parmi les paysans, « qui savaent à peine lire et n’entendaient même pas le latin de leur bréviaire (1), » il yavait,non-seulement dans les villes mais aussi dans les bourgs, beaucoup de curés instruits, honnêtes, appuyant leurs paroissiens et s'appuyant euxmêmes sur eux contre toutes les petites et grandes (yrannies ecclésiastiques, seigneuriales ou royales, et que l'immense examen de conscience nationale provoqué par la convocation des États généraux fit tout à coup émerger de leur néant.

Des curés que 1789 fit apparaitre sur la scène politique, el en particulier des curés de Lorraine -— qui étaient moins pauvres et moins avilis que ceux de Ja plupart des autres provinces — l'abbé Grégoire (2) disait « qu'ils étaient communément l'inverse des évêques, » et qu'on aimait alors à citer le proverbe, « qu'on formerait un excellent clergé en le composant d'évêques espagnols ct de curés français. »

XIX L'INFLUENCE DU JANSÉNISME Afin de bien comprendre le soulèvement général des curés

(1) Dict. Guéroult au mot « vicaires. » (2) Mémoires, 1, 13.