Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 81

prouvait la nécessité de les supprimer pour rendre le clergé chrétien.

Lorsque, en 1749, il fut un instant question de tirer profit des bieus d'Église pour le Trésor royal et d'appliquer au clergé et à la noblesse, comme au peuple, l'impôt du Vérgtième de tous les revenus, furent lancées de très véhémentes Remontrances au second ordre du clergé, où les humbles vertus de l'Évangile étaient mises en contraste flagrant avec la corruption et lirreligion des évêques de cour et des abbés de ruelle (1).

Durant les vingt-cinq années qui précèdent immédiatement la Révolution, le jansénisme semble avoir disparu dans le triomphe que lui ont procuré les parlements sur les jésuites expulsés, dans la lassitude des persécutions mesquines de l'administration royale, jésuitique avec ou sans jésuites, et aussi dans le ridicule énorme dont la philosophie a couvert les derniers » miraculés et convulsionnaires. »

Cependant, épuré de toute extravagance mystique, il entretient dans cerlains ordres monastiques, dans beaucoup de séminaires et collèges, les méthodes et les vertus de PortRoyal. Il répand, au sein du clergé inférieur, un assez grand nombre de prêtres croyants, savants et honnètes. Ces curés, dont l'éducation a été faite le plus souvent chez les pères de l'Oratoire, » comprennent dans le même amour ce que la religion inspire de plus parfait el ce que le génie humain tente de plus hardi » (2).

Ce n’est pas l’obéissance aveugle et la soumission servile qu'ils pratiquent; c'est, au contraire, par la résistance au mal et l'activité au bien public, qu'ils veulent rendre au catholicisme, comme ils l’entendent, la grandeur qu'il a, selon eux, perdue depuis le seizième siècle. Avec plus ou

(1) Hist de la Révolution française, par Louis Blane, t. I, p. 366. (2) Voir la Notice de M, Mignet sur Daunon,