Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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moins de palience, ils attendent, ils préparent une régénération qu'ils se figurent pouvoir maintenir orthodoxe en combattant tout ce qui tient de près ou de loin à ce que justement ils appellent l'hérésie jésuitique.

Ils persistent à nier les innovations de la funeste Compagnie sur la grâce « suffisante, efficace ou non efficace »; il leur répugne d'admettre que la religion de Jésus-Christ et de Saint-Augustin, leur grand saint, se puisse accommoder à toutes les philosophies, à toutes les morales, à toutes les politiques.

Contre l'infaillibilité du pape, ils demeurent « appelants » et «réappelants » au futur concile. La dévotion » aisée », la » communion fréquente », le chapelet machinal remplacant la prière sentie, l'adoration érotique du Sacré-Cœur, se substituant à l'amour pur de Dieu; toute la religiosité païenne et impie des jésuites leur fait horreur. Ils réprouvent les restrictions mentales, les directions, les capitulations de conscience; ils ont foi en l'identité de leur religion avec la morale humaine et ne veulent pas reconnaitre la morale des jésuites.

L'église catholique, telle qu'ils la rêvent, ne se composcrait pas de « bâtons dans la main d'un vieillard » dirigé par un général, successeur de Loyola, mais d'évèques et de pasteurs populaires, p'ouvaul par la rigueur de leur conduite et le développement de leur intelligence que la grâce divine les inspire.

Il ne serait pas exact de dire que les curés qui lancèrent, de 1787 à1789, les brochures préparatoires des Cahiers, qui dirigèrent l'agitation considérable, grâce à laquelle le clergé inférieur obtint la majorité dans les assemblées électorales du premier Ordre, qui enfin voulurent révolutionner l'Eglise ct du mème coup christianiser la Révolution, étaient de purs jansénistes à la facon des hommes de Port-Royal. Mais ils avaient tous pour base de conduite celle des cent et une