Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 81

de l'être, mais je ne ferai point de théologiens, et je le serai le moins que je pourrai.

«— Oh! le bon curé!... Dites-moi, je vous prie, comment vous en userez dans la confession?

« — La confession est une chose excellente, inventée dans l'antiquité la plus reculée..… Elle est très bonne pour engager les cœurs ulcérés de haine à pardonner, et pour faire rendre par les petits voleurs ce qu’ils peuvent avoir dérobé à leur prochain. Elle a quelques inconvénients. {1 y a beaucoup de confesseurs indiscrets, surtout parmi les moines, qui apprennent quelquefois plus de sottises aux filles que tous les garçons d’un village ne pourraient leur en faire. Point de détail dans la confession; ce n’est point un interrogaloire juridique; c'est l'aveu de ses fautes qu’un pécheur fait à l'Être suprème entre les mains d'un autre pécheur qui va s'accuser à son tour. Cet aveu salutaire n'est point fait pour contenter la curiosité d’un homme...

«— Il y à un point bien important qui m’embarrasse. Comment ferez-vous pour empêcher les paysans de s’enivrer les jours de fêtes? C’est là leur grande manière de les célébrer. Vous voyez les uns accablés d’un poison liquide, la tête penchée vers les genoux, les mains pendantes, ne voyant rien, n'entendant rien, réduits à un état fort audessous de celui des brutes, reconduits chez eux en chancelant par leurs femmes éplorées, incapables de travailler le lendemain, souvent malades et abrutis pour le reste de leur vie.

« Vous en voyez d'autres devenus furieux par le vin, exciter des querelles sanglantes, frapper et être frappés, et quelquefois finir par le meurtre ces scènes affreuses qui sont la honte de l'espèce humaine. 11 le faut avouer, l'État perd plus de sujets par les fêtes que par les batailles. Comment pourrez-vous diminuer dans votre paroisse un abus exécrable ?