Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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Il le montre plaignant et secourant, autant que faire se peut, « les pauvres qui gémissent sous le joug des riches, les riches sous le joug des préjugés, » d'autant plus « compatissant aux faiblesses humaines qu'il a le profond sentiment des siennes. »

L'histoire de ce vicaire est celle de beaucoup de pauvres recteurs, desservants, curés à portion congrue de son temps. Né paysan et destiné à cultiver la terre, il a été poussé par ses parents dans le « métier de prètre ».

« J'appris, explique-t-il, ce qu’on voulait que j'apprisse, je m'engageai comme on voulut... Mais je ne tardai pas à sentir qu'en m'obligeant à n'être pas homme, j'avais promis plus que je ne pouvais tenir... »

Il à eu son « aventure de jeunesse », qu'il n’a pas su se faire tout de suite pardonner à force de bassesse, ou étoulfer criminellement. Il a été exilé pour cela, et, comme sa sagesse est redevenue exemplaire, durant de longues annees, « il se flatte de rentrer en grâce auprès de son évêque et d’en obtenir quelque petite cure pour y passer le reste de ses jours ».

Ce n’est point un théologien raffiné, un sectaire ambitieux. C’est un « homme simple et vrai », qui aime ses semblables, qui à cherché Dieu uaïvement et qui a foi en l'éternelle Justice. [La foi en limmortalité de l'âme, mais ilne croit guère à l'enfer: «L'enfer est, dès cette vie, dans le eœur des méchants. »

L'histoire lui a appris que, chez tous les peuples, « parmi tant de cultes inhumains et bizarres, parmi cette prodigieuse diversité de mœurs et de caractères », on trouve partout « les mêmes idées de justices et d'honnêtleté, partout les mêmes principes de morale, partout les mêmes notions du bien et du mal.» Il à reconnu « au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu », qu'il appelle conscience.