Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGES 91

C'est cet «instinct divin », c'est ce « guide assuré d'un ètre ignorant et borné, mais intelligent et libre »; c'est « ce juge infaillible du bien et du mal » qui constitue « lexcellence de la nature de l’homme etla moralité de ses actions. » Que la conscience existe, chacun le sent, mais ce n'est pas assez, il faut que tous l’entendent et la suivent, et tout à été fait pour empêcher les hommes de comprendre « la langue dé la nature. »

Or, les religions, loin d'éclaircir les notions « de la conscience et du Grand-Être », les ont « embrouillées et avilies » par « des mystères inconcevables », par « des contradictions absurdes », qui ont rendu « l'homme orgueilleux, intolérant, cruel, et, au lieu d'établir la paix sur la terre, y portent le fer et le feu. »

Le Vicaire Savoyard conteste la nécessité d'une « révélation » pour apprendre «la manière dont Dieu veut être servi ». Si, dit-il, « on eût écouté ce que Dieu dit au cœur de l’homme, il n'y aurait jamais eu qu’une religion sur la terre. »

Dieu ne demande que «le culte du cœur, et celui-là, quand il est sincère, est loujours uniforme. » Pure vanité que de s'imaginer le Grand-Ëtre, le Juste, « prenant intérêt à la forme de l'habit du prêtre, à l’ordre des mots qu'il prononce, aux gestes qu'il fait à l'autel, el à toutes ses génuflexions. » IL est absurde de confondre « le cérémonial avec la religion, » et, « si le culte extérieur doit être uniforme, c’est purement une affaire de police. »

La raison du Vicaire Savoyard, qui n’a pu « se soumeltre, faute de raison », répugne aux prétendues preuves surnaturelles, aux prophéties, aux miracles. « Quant aux dogmes qui n’influent ni sur la religion ni sur la morale, et dont tant de gens se tourmentent, il ne s’en met nullement en peine. Il regarde toutes les religions comme autant d'institutions salutaires qui prescrivent, dans chaque pays