Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

92 LES CAHIERS DES CURÉS

une manière d'honorer Dieu par un culte public et qui peuvent toutes avoir leurs raisons dans le climat, dans le gou= vernement, dans le génie du peuple, ou dans quelque autre cause locale qui rend l'une préférable à l’autre selon les temps et selon les lieux. « Il les estime toutes bonnes, quand on y sert Dieu convenablement » ; c'est-à-dire « d’un cœur sincère ».

Aussi çonseille-t-il de demeurer dans celle où on est né. Quant à lui, il peut pratiquer et enseigner la religion catholique, dont il est prêtre, sans se trouver en contradiction avec « la religion naturelle », que sa conscience lui à inspirée, que sa raison lui à démontrée.

Sur sa manière de célébrer la messe ponetucllement et même avec onction, quoiqu'il n’attache pas d'importance aux mystères et rites, le Vicaüre savoyard devait susciter de vives objections de la part des prêtres jansénistes, qui voulaient réformer, sans schisme, et concilier la foi complète aux dogmes et aux cérémonies catholiques, -— moins ce qu'ils taxaient d'hérésies jésuitiques, — avec la rénovation de la discipline ecclésiastique, avec la régénération sociale et politique. L'abbé Grégoire, par exemple, (1) ne pardonna jamais à Jean-Jacques, auteur des Confessions, cette « hypocrisie » du Vicaire savoyard.

Néanmoins la majorité des réformateurs laïques de la religion et de la société, et sans doute aussi beaucoup des malheureux curés opprimés et avilis qui se soulevèrent, en 1789, contre les injustices et les immoralités du haut clergé, acceptèrent la ligne de conduite indiquée par le Vicaire Savoyard.

L'on considérait généralement, à la veille de la Révolulion, comme parole d'Évangile, la déclaration finale du pasteur à la fois pratique et idéal de Rousseau, qui, en

(4) Mémoires, t. IL,-p. 3.