Les hommes de la Révolution
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mieux servir la cause des hommes, il est difficile d’avoir en même temps des tendances pessimistes.
En réalité, Marat fut un inquiet, un tourmenté, prompt aux enthousiasmes et aux découragements. Un besoin d'activité incessante le dévorait. La passion de la gloire qui, tout jeune, l’animait déjà, atteignit, dans ses dernières années au paroxysme et se transforma peu à peu en une soif ardente de sacrifice. L’apostolat lui apparut
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comme la plus enviable des carrières et il s’y donna tout entier (1).
Comme tout homme, l’Ami du Peuple eut ses
(1) On peut se convaincre de ce que nous avançonspar la lecture des lignes suivantes où Marat apprécie le rôle du journaliste:
«Ses fonctions consistent à veiller sans cesse pour le salut du peuple contre les ennemis publics, fonctions sublimes qui exigent un dévouement sans bornes à la patrie et le concours de toutes les vertus qui élèvent l'humanité. Avant tout, il doit être pur dans ses mœurs et irréprochable dans sa conduite. Il a besoin d’une impartialité à toute épreuve pour attaquer, sans acception de personnes, les fonctionnaires publics qui négligent leurs devoirs, les administrateurs infidèles, les juges prévaricateurs, les ministres des lois qui les font servir à oppresser l'innocence ou à protéger le crime, les dépositaires de l'autorité qui malversent et les traitres qui machinent la perte de l'Etat,
« Il doit renoncer aux plaisirs, aux douceurs, au repos de la vie. il lui faut un courage indomptable. il doit potter l'abnégation de luimême jusqu'à l'héroïsme, passer ses jours dans les privations, les humiliations, les chagrins, les alarmes: vivre au milieu des pièges et des embüûches, se résoudre à verser son sang goutte à goutte...» (Journal de la République. N° 46).
Combien peu, à ce prix, accepteraient aujourd'hui les fonctions du journaliste!