Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

FRANCAISE. F

spayer la dette immenfe de l'Etat, & pour foulager a claffe la plus nombreufe & la plus miférable du peuple. Sire, telles font les véritables caufes qui ont perdu le defpotifme royal & miniftériel de la France, & fes diverfes arifocraties. Ces caufes, ces vices n’exiftent point chez vous. Une reine de Pruffe ne peut pas difliper les revenus de l'Etat en profufions à fa famille, à fes favoris ; elle ne peut pas cabaler contre fon époux: ni contre fa nation. Vous gouvernez par vous-même, fire ; vous êtes acceffible à tous vos fujets ; vos princes, vos grands, vos miniftres, fages & modérés, donnent l'exemple de la foumiflion ; la: juftice fe rend exadtement dans vos tribunaux. Votre clergé peu nombreux & peu riche, eft infiruit, obéiffant, exemplaire, moins égoïfte & plus attaché à la patrie, parce qu’il eft compofé de pères de famille; vos nobles, par vous contenus dans le devoir | ne peuvent opprimer impunément vos peuples ; vous n'avez. point de dettes, vous faites des économies; vos villes & vos campagnes font toujours affurées de trouver des reffources dans votre tréfor., Jorfque le befoin l'exige: enfin, votre état militaire ne reflemble point à celui qui exiftoit en France, car chez vous le mérite & les fervices feuls règlent voire conduite pour les avancements. Il mexifte donc ; fire , dans votre adminiftration , aucun principe de diffolution ni d'infurreétion. Les peuples ne fe révoltent .que lorfqu’ils font au défefpoir ; les vôtres font contens s parce que votre gouvernement, quelque abfolu qu’il foit, eft paternel. Continuez, fire, de les bien gou“verner ; & ne craignez rien de leur part ; ils ignorent sûrement pas tout ce que la liberté coûte aux Français; ils ne peuvent la défirer à ce prix, &c toujours ils

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