Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

F RIAIN C À T SE. is vénération particulière pour V. A. $. & j'ofe fui affitmer que l’entreprife dont elle s’eft chargée, eft au-deflus des forces humaines.

Vous avez métité, monfeigneur, la plus brillante réputation, comme capitaine ; VOus en avez mérité une plus flateufe, comme fouverain, en gouvernant vos peuples avec une fagefle admirable ; ne rifquez pas, monfeigneur ,; de flétrir vos lauriers, de perdre votre gloire, d'effacer du temple de mémoire un nom qui doit y refter comblé d’honneurs & de bénédictions ; fi vous ne l'obcurciflez pas par une guerre de tyrans, auffi injufte qu'impolitique, puifqu'elle a pour but effentiel, ainfi que le remarque très -judicieufement, le fage régent de la Suede, d'élever de nouvelles barrières entre les trônes & Les peuples.

Le meilleur moyen pour les Princes étrangers de préferver leurs États de ce qu’ils nominent le mal français,

_eeft de réformer les abus de leurs adminiftrations ;” d'abandonner les français à eux-mêmes, & de les laïffer vuider leurs querelles entr'eux; le plus für moyen auffi pour ces Princes d'attirer des révolutions dans leurs états, c’eft de prendre part à celle de france, & d’envoyer à cette école leurs foldats, qui bientôt y prendront des principes révolutionnaires, comme déferteurs ou comme prifonniers, & les reporteront chez eux.

Seroït-ce le défir de venger la royauté outragée, qui auroit déterminé cette coalition de Potentats contre les Français ? Il eft trop tard, monfeigneur ; s'il y avoit quelque tentative à faire à ce fujet, c’évoir dès les premiers inftans de la révolution, lorfque le plan n’en étoit qu'ébauché, avant que l'opinion publique à cet égard für formée, avant que le peuple connûr fes dréits