Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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FRANCATSE. la révolution, les Français n’ont pas été plus unis »P

17 lus énergiques , plüs patriotes, que dépuis qu'ils ont vu vos armées s'avancer fur eux ? Semblables aux Romains qui mirent à enchère les champs où campoit Argibal ; les Français ent acheté trèsichèrement les biens nationaux fitués dans les contrées qui doivent être foulées pa vos légions , dans le cas où vous voudriez réalifer 16 très grand projet de venir à Paris; ee fait mérite votre ettention , monfeigneur, daignez obferver auffi que les plus vigoureux décrets de l’Affemblée natiénale ont été rendus depuis qu'elle a fu votre arrivée far fes frontières; que les Parifiens, bien loin d’être intimidés par es horreurs dont on les menace, s'ils mécontentent leur Roi, difcutent tranquillement fa déchéance dans leurs comités; que fur les quarante-h#it fedions de 12 Capitale, quarante-fept ont déjà préfenté leur vœu pour cette déchéance à l’Affemblée nationale ; & que ce redoublement d'énergie annonce que votre entrée en France : monfeigneur, bien loin de faire tomber les Français aux pieds de Louis XVI, ne pourroit que précipiter le détrônement de ce Prince.

Si l’on vous inftruifoit avec fidélité ; monfeigneur, des difpofitions du Peuple Français, on vous diroir que ce Peuple, continuellement trompé & travaillé par les émiffaires du château des T uileries, & mainte-fois au moment de donner dans les piéges qu’on lui tendoit pour le perdre, en lui faifant commencer la guerre civile, il a fufi, chaque fois, d’un feul mot de fon magiftrat pour larrèter, pour le faire rentrer dans l’ordre.

Les Parifiens étoient fort ennuyés d’être privés, depuis plufieurs fémaines par Louis XVI, de la promenade du jardin des Tuileries ; ils étotent excités parles malveillans

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