Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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avec fa famille, dans la falle de l’Affemblée Nationafe , où fans approbation ni murmures, on lui a donné une éribune pour retraite : M. d’Affri, commandant des fuifles , qui avoit accompagné le Roi, lui a demandé, en le quittant, Sire, eff-ce votre dernier mot, oui, a tépondu le Roi :ællez , faites votre devoir.

Les Patifiens/"aa"nombre d'environ deux cens mille, formés én bataïïilons compofés de gardes nationaux , &. d'hommes à piques, font arrivés au caroufel & aux champs-élifées; des fuifles, fous l'apparence de l’amitié les ont abordés, les ont embraffés, & leur ont confeillé de forcer les portes du château, en leur promettent de fe joindre auflitôt à eux ; les patriotes ont fuivi ce perfide confeil , aufli-têt une décharge de toute l'artillerie royale a fait un horrible carnage , c’étoit le dernier mot du roi, ultima-ratio regum. Les patriotes , furieux de cette infâme trahïfon ; ont à l’inftant ripofté par plus de cent mille coups de fufil , & de plus de jo pièces de canons, braqués fur !e château dans le caroufel, fur lespont-royal & dan$ la place de Louis XV. Les fuñfles fe fontdérendus comme des lions, ils ont pendant plus d'une ‘heure,- faiéun feu continuel par les croïléss du château #@"Bär des trous pratiqués exprès dans leurs cafernes; maïs à l'exception de cent cinquante qui font en prifon, & qui doivent être jugés parune cour martiale, tout le refte a été maffacré, ainf que les royaliftes qui étoient dans le château & dans le jardin , excepté beaucoup d'officiers qui fe font fauvés. Enfin tous les meubles de appartement de la reine, ont été brifés &c jettés par les fenêtres.

Je vous obferve, monfeigneur, que l’armée des Pasifiens étoit fans chef, & que, pour préfcrver leur maire