Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANCAISE 4x Hommes armés par la haine qu’ils ont de Pefclavage & de la tyrannie, par le plus violent amour de a Ji: berté, & qui font prêts à vous écrafer, fi vous ne les arrêtez par votre prompte retraite, & par votre renon< ciation authentique à toutes hoftilités contre eux. Sans doute pour vous déterminer à vous joindre aux ennemis des Français, le comité autrichien vous a promis, fire , la Brefle & le Bugey , qui ont autrefois appartenu à votre maïfon; mais jamais vos ancêtres n’ont pu conferver de domaines en France, toujours ils ont été dupes de leurs alliances avec cette cour ; & quand même le defpotifme s’y rétabliroit, ce qui eft phyfiquement & moralement impoflble , tôt ou tard les defpotes Français Vous arracheroïent ce que la néceflité les auroit forcés de vous céder a@tuellement, & tovjours il vous feroit, & à votre poftérité, impoñlible de lutter contre une puiffance fi fupérieure à la vôtre.
Qu'étes-vous, fire, en comparaïifon d’un empire de vingt-fept mille lieues carrées, qui contient vingt-fepr millions d’habitans, & qui peut jouir d’un revenu de fx cent millions? Tous vos états, à l'exception de Ia Sardaigne, dont vous ne tirez que 300 mille livres au plus, mont pas autant détendue qu’en avoit la ci-devant province du Languedoc. Vous avez au plus 30 millions de revenus, & deux millions & demi de pauvres efclaves, qui, éparpillés fur une furface inégale, ne font pas leffet d’un million dans un terrain bien arrondi.
Sur un territoire aufi vafte , aufli carré, auffi coupé de routes fuperbes & de rivières navigables, auffi bien défendu par la nature & l’art, que l’eft celui de la France, 27 millions d'hommes forment l'effet de 40 millions. Alors, le rapport de votre population à celle des Fran-