Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

FRANÇCATSE. 52 plus pure , plus fublime & plus attrayante que cette déclaration.

Quel fpedacle majeftueux , de voir la première Nation de l’Europe fe lever toute entière & d’une feule voix dire :,, Je fuis libre, & je veux que le genre humain le foit avec moï. Peuples de tous les climats ! levez-vous, fecouez les chaînes de fa crédulité, de l'erreur, de la fuperftition & du defpotifme: Connoiffez vos droïts & vos forces. C’eft la raïfon éternelle , c’eft la vérité , c’eft la nature | c’eft Dieu qui vous parle. Soyons tous frères. Abjurons pour jamaïs toutes haïnes , toutés rivalités. Eteionons pour toujours le flambeau de la difcorde, étouffons-en les caufes; ne fouffrons plus qu’une poignée de princes & de nobles fe joue des Nations , les afferviffe ; les opprime & les pille; périflent la royauté & la nobleffe ! Ne fouffrons plus qu’une cafte barbare qui, depuis fi long-temps , vit de nos malheurs, nous égare encore dahs la re cherche d’un falut chimériqué ; périffe le facérdoce ! C'eft de notre bonheur fur la terre que nous devons nous occuper, nous ne pouvons l'obtenir que de nos vertus ; il ny a d’aftions vertueufes que celles qui font utiles à nos! femblables ; réndons-nous donc utiles les uns'aux autres. La nature , én nous donnant à tous fes mêmes befoïns, nous a donné lés mêmes droits de les” farisfaite ; Héron donc réciproquement ces droits lès uns dans fes autres. La nature nous a préparé d'avance Îes moyens de fatisfaire nos befoïns dans la fertilité dé Ba térre, dans le laït, la laine ; les peaux & la chair dés animaux ; culfivons donc la térre & formons des troupeaux. ta RATÉ nous à fait tous inégaux de Corps & d’elprit, Pour nous rendre tous néceflaires

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