Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

$4 RÉVOLUTION & chers les uns aux autres ; aidons-nous , aimons: nous donc réciproquement. La nature accompagne la modération , la fobriété, de plaifirs ; les excès , de douleurs; l’injuftice , de chagrins & de peines ; les bienfaits , des jouiflances les plus délicieufes ; aïnfi pour conferver notre fanté , pour jouir de notre propre eftime , de celle des autres & de leur amitié, foyons donc modérés, fobres , juftes & bienfaifans ; faifons des heureux pour l'être nous-mêmes, Enfin, la nature a varié les climats, & dans chacun , les qualités des terres & leurs produâions, afin que tous les peuples euffent befoin les uns des autres , & fe liaffent par Péchange de l’excédant de leurs confommations ; que ces échanges fe faffent donc cordialement & librement entre les peuples, & qu’ils fraternifent tous enfemble .., Telle eft la morale univerfelle, la feule qui convienne aux hommes dans tous les pays & dans tous les temps. Telle eft, faint père , l'efprit de cette déclaration des droirs qui détruit toutes inégalités arbitraires & monftrueufes dans la fociété, & qui, par cela même , excite le défefpoir & la fureur des ufurpateurs ; mais je le rappelle, l’efprit philofophique de cette déclaration , mis en détonation par les feux du defpo= tifme, en difloudra plus promptement les chaînes. Mais , direz-vous peut-être , faint père , fices pré. tendus droits de l’homme font naturels, ils ont toujours exifté, pourquoi donc ont-ils été ignorés de tous les peuples avant la déclaration qu’en ont faite les Français ? Et fi nous avons pu rendre ces droits nuls pendant dix-huit fiècles, nous pouvons donc leur op pofer encore une force fupérieure. Voici mes réponfes. 1. Les droits naturels de l’homme ont été connus