Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
58 RÉvVoOoLuUuTroN mêmes, qu'ils rétabliront & perpétueront chez ‘eux l'ordre , les vertus, l’abandance, le bonheur & la paix;
C'étoit en s’attribuant exclufivement les premiers emplois, les honneurs, es dignités & les richeffes, que les nobles avoient banni toute émulation des autres claffes de la fociéré ; c’eft en fi upprimant la noblefe , c'eft en affurant au: mérite & à la capacité perfonneile feulement, toutes les récompenfes défirables, qu’on excitera l’émulation dans tous les cœurs.
Enfin, c'étoit la royauté, le facerdoce & la nobleffe ; qui femoient & perpétuoient fur la terre tous les maux 5 tous les crimes, & toutes ces horreurs difparoîtront avec cette abominabe trinité.
Foutes ces raïions doivent fuffire Pour vous perfuader, Saint-Père, que {a révolution qui a commencé en France le 14 juillet 1789, & qui a fini le to août dernier, n’eft que l'annonce de celles qui doivent s’opérer chez tous Les peuples qui font privés de la jouiffancé de leurs droïts naturels. Dans ces circonftances extraor= dinaires, c'eft {olie de vouloir fuivre les anciennes routines, & de fe flatter de quelques fuccès par la force des armes. Les effets qui doivent néceflairement réfulter des fureurs auxquelles fe livrent les defpotes , les arif. tocrates & les prêtres de l’Europe , contre la nation la plus nombreufe, la plus forte & la plus pétulente ; font de porter fon énergie au plus haut dégré, de la forcer à des extrémités qui écraferont fes ennemis, de confolider fa révolution , d'éclairer les autres peuples fur la haïne qu'ont leurs defpores pour leurs droits naturels, & de porter les peuples à des infurreétions dont il réfultéra, comme en France, la deflrudion de tous les £enres du defpotifme, La prudence confeilloit à tous