Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANÇAISE. ét que , ces pontifes] avaient {eu la prudence de modérer leur autorité fpirituelle .& temporelle ;f, abjurant toute intolérance , toutes prétentions extravagantes , ils s'étoient réduits d'eux-mêmes au régime le plus pacifque ; fi, contens de jouir païfblement de leurs richeffes, de leur dignité, ils s’étoient attachés, comme Benoît XIV. à éviter toutes querelles théologiques, à fe faire eflimer & aimer de leurs fujets & des étrangers , äls auroient pu prolonger leur domination de quelques fiècles encore; mais prefque tous vos prédéceleurs, faint Père ; indiffé rens fur le paflé, infoucians pour l’avenir , & incapables d'apprécier l'opinion publique, qui, chaque jour leur devenoit plus favorable : ces prêtres, dis-je, ont continué de prêcher aux princes la fuperftition ; l'intolé: rance, le brigandage. & la cruauté; ils ont continué d'augmenter l’efclavage & la mifère de leurs peuples, d'y infulter par un fafte infolent » de les: fcandalifer par leurs débauches , par leurs crimes ;_&. fi tant d’audace : tant d’imprudence ; n’a pas encore fermé.le tombea de la papauté, c’eft queles peuples ne connoïfloient point encore leurs droits & leurs forces ; c’eft qu'il vous étoit réfervé, faint Père, de renverfer ce trône de la-fottife, où les vices les plus honteux vous ont placé, & fur lequel vous n'avez montré que de la fatuité, de l'ignorance, de la préfomption | & le népotifme le plus avide.
Rappellez-vous, faint Père, les fottifes que vous avez faites, relativement à la prétendue rétradation-du prélat connu fous le nom.de Fébronius ;vous-eûtes alors lim. prudence d'écrire à lacour de Vienne, quelques-unes de ces’anciennes bêtifes, que fe permettoint vos prédécefleurs, dans les fiècles d'ignorance & de barbarie; ces