Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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bêtifes, & la fraude facerdotale, que vous emplyoâtés à ce fujet, ne vous produifirent que des chagrins : MarieThérèfe, rejetta votre injufte condaranation de la proteftation du prélat Allemand ; vous vous êtes vengé depuis , de certe réliftance , de l’impératrice, en re‘ufant à fes mânes les honneurs funèbres qui font d’ufage à Rome ; mais jofeph II, vous a puni de cet outrage avec une véritable dignité, en renverfant dans fes états les principales ufurpations des papes, Votre fatuité, vous perfuada , faint Père , que vous aviez des reflources fuflifantes dans la volubilité de votre bavardage, dans votre faufle éloquence , dans vos périodes vides de fens, & fur-tout dans vos grâces individuelles, pour faire révoquer les décrets foudroyans de l’empereur. Ce fut en vain que des hommes fenfés qui avoient vécu à Vienne, & qui connoïfloient bien Jofeph & fes miniftres, vous confeilietent de renoncer à un voyage, qui feroit auffi impolitique qu’infruétueux ; vous parties, & vous donnâtes à quelques peuples de l'Italie & de l'Allemagne, le fpe&acle indécent & fcandaleux d’un perfonnage qu’ils croyoïent auffi faint que fon titre l'annonce , & qui juroit comme un chartier, qui fe montroit colère & brutal , comme un officier autrichien , & ‘qui jouoit le comédien en difiribuant fes bénédiétions.

Dès que vous entrâres fur les États de l’empereur, & jufqu’au lieu de fa réfidence, vous eûtes le défagrément, Saint Père, de voir que Jofeph fe mocquoit de vos charletaneries facerdotales, puifqu’il vous propofa de vous foulager de vos peines, én donnant des bénédiétions en votre nom, ce qu'il fit quelquefois en riant,

Arrivé à la Chut, Jofeph vous préfents au rufé &