Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

FRANÇAISE. 6;

+ dédaïgneux Kaunitz, auquel vous donnètes votre maïa

à baifer, & qui fe conrenta de la prendre & de la

ferrer dans les fiennes, comme d’égal à éval; c'était

vous dire clairement que votre grandeur d'opinion étoie nulle pour lui, & qu’il s’en mocquoit.

Bientôt fatigué de la tourbe importune qui accouroit des villages & des villes voifines, Pour recevoir votre bénédifion à Vienne, Jofsph fit defendre à ces pauvres d’efprit, de quitter leurs travaux, & fit publier que tous les jours, à l’heure de la profufion de vos comiques indufgences, il feroit tirer le canon, & que lorfqw’ils Fentendroient, ils pourroient faire leurs ftupides prof. ternations.

Toutes les fois que vous voulûtes, Saint-Père, parler d’affaires à fa majefté, ou à fes miniftres > ils vous répondirent en raillant, qu’ils n’avoient point d’affaires avec vous, & ils accompagnèrent cette Plaifanterie de far. cafmes humilians pour votre orgueil, en forte que vous fûtes obligé de vous réduire au rôle qui vous fied le mieux, à vous pavaner dans les églifes & dans fes cercles, devant les imbéciles , & devant les femmes amoureufes de votre belle figure, de vos belles mains : de vos belles jambes, de vos belles proportions, dont vous étes fi vain, & dont vous favez fi bien tirer parti.

Je vous ai vu, faint-père, porté fur votre fiégé geftatoire ; comme vous étiez beau ; au milieu de vos chevauxlégers, de vos gardes-fuifles & autres, tous couverts de fuperbes armures ! auffi receviez-vous plus d’adorations que l’hoftie, qu’on croyoit cependant être la Divinité même.

Je vous ai entendu, faint-père’, traiter avec colère 5 de coglione ; Le cardinal qui vous coiffoit de la mître parce