Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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pas comment vous avez gagné fa prélature avec le cardinal Ruffo, &c. & la tréforerie d’état avec la maitrefle du cardinal Rezonico, &c. enforte qu'on peut dire de vous comme de Céfar, il fut la maïtrefle de tous les maris & l’amant de toutes les femmes. Les vraies caufes des cris hypocrites & impuiffans que vous jettez contre les rérormes juites & nécellaires que les Français ont faites dans leur églife, font la crainte de voir dépouiller le fâcerdoce de fes ufurpations dans toute la chrétienté, & de voir s'écrouler fous vos pieds, ce trône de tous les vices, de tous les crimes, qui eft Ka honte & l’opprobre de l’efprit humain ; c’eft [a perte que vous faites d’annates, de difpenfes, d’indulgences, de votre influence fur le clergé de France, & particulierement la perte du Comtat d'Avignon; les pertes précédentes ne méritent aucunes téflexions. Quant à celle du Comrat, je vous obferve, faint-père, qu’il étoit intolérable , qu’un prêtre étranger poflédât une principauté fouveraine enclavée dans le terfitoire français ; 2.° la comteffe de Provence wavoic pas le droit d’aliéner fes États fans le confentement de fa nation, & du roi dont elle étoir vaflale; 3° cette aliénation ne fut qu’une efcroquerie de la cour de Rome, qui ne confentit d’abfoudre la comtefle de fes crimes atroces, qu’à condition qu’elle Jui céderoit cette principauté , moyennant une fomme d’argent que les papes n’ont jamais payée. 4°. Les peuples ont le droit inaliénable & imprefcriptible de changer là forme de leur gouvernement quand il leur plait. 5.0 Enfin, la nation francaife , en vous retirant ce domaine, faint-bBle vous en auroit dédommagé honorablement , fi vous vous étiez conduit envers elle comme la raifon & vos intérêts