Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANCAISE. 67 vous le confeilloient , & elle ne vous doit plus rien L parce que vous avez préiéré d'employer contre elle les armes du fanatifme & de la fourberie,
On m’écrit de Rome, que vous préparez encore, faintpère, de nouvelles bulles contre les Francais , c’eft leur préparer de la matière pour de nouvelles farces; car vous devez favoir que, depuis long-temps, ils regardent les prêtres comme des fots ou des frippons, & que, depuis trois ans, ils jouent fur leurs théâtres vos cérémonies , vos charlataneries, vos forfaits. Laïflez-là, faint-père, les affaires de France, elles vous ont déjà caufé une attaque de paralyfie , & furtout un travers de bouche, qui vous a, dit-on , chagriné jufqu’au point de vous donner quelques accès de folie; cela eft-il vrai? Eft-if vrai aufli que c’eft dans un de ces accès, que vous avez donné in petto , la nonciature de Francfort à l'abbé Maury? D’autres difent que vous n’avez fait ce pafle-droit à vos prélats Italiens, que parce que vous défefpériez de trouver parmi eux un libertin aufli impudent, un fophifte aufli éloquent, un fecond père Faturto; fi cela eft, vous vous êtes trompé, faint-père, vous aviez certainement de quoi choilir chez vous; & vous vous êtes encore trompé, fi vous avez cru mieux réuffir contre la révolution françaife , en prenant pour votre avocat ce courageux athée: les Français font bien perfuadés qu'il défendra votre caufe, comme il a défendu celle du clergé de France, fi mal, qu’on étoit tenté de croire qu’il vouloit la perdre ; d’ailleurs, les Français favent quel effet doit produire le cinifme de ce nonce en Allemagne & en Italie.
Croyez-moi, faint-père, ne faites plus de fottifes, impofez-vous , & impofez à vos ouailles le plus refpectueux filence fur les Français, car fi vous les impatientez,
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