Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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je les connoïs capables d'aller faire exécuter leur hymne des Marfeïlloïs par vos muficiens dans la chapelle fixtine, & de vous en faire répétér le refrein en chorus. Ces menaces qui ne vous paroïfient peut-être pas férieufes , pourroient le devenir , & voici comment :

1. La royauté eft irrévocablement abolie en France ; cette contrée eft conftituée en république, une & indivifible. Tous les corps adminiftratifs font renouvelés , tous lestraîtres font chaffés de l’armée & des places fortes; tout marche à l’uniflon, & le patriotifme domine partout. 2°. L'armée du roi de Pruffe, en grande partie défaite par les batailles , par la défertion , par les prifes, par la famine & par les maladies , a évacué le territoire Français ; ce Prince, en ‘partant, a reproché durement aux freres de Louis XVE de l'avoir trompé, & de lavoir expofé à être mal reçu chez fui. L'armée de l'empereur fait journeliement des pertes par les mêmes caufes. Les émigrés font réduits à la mifere. Les F rançais pourfuivent les fuyards, ils ont déja pris les villes de Spire & de Worms; ils vont porter la liberté dans les électorats eccléfaftiques, le Palatinat , le Brabant & fe Brifgaw. 3°. Le printems prochain , les Français auront huit armées de Ioo mille hommes chacune, deux aux frontieres du midi, cinq à celles du nord, une dans l'intérieur; 40 vaïfleaux fur l'Océan, & autant fur la Méditerranée. 40. Ils ont actuellement 14 vaifleaux dans le port de Nice, & une armée de 100 mille hommes occupés à s'ouvrir les portes de l’Italie ; ils

_ font déjà maîtres du comté de Nice, de la Savoie; ils vont prendre la Sardaigne , & lorfqu'ils feront en Piémont, quel obftacle pourra les arrêter? 5°. Avec de fi grands moyens, s’il plaifoit aux Français d'aller