Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANÇAISE. 69 éclairer vos peuples, Saint Pere , fur les crimes des papes , fur les vôtres, fur l’odieux monopole de votre chambre de l’Annone , cette fource de difette, f fréquente dans vos États; fur les brigandages de la chambre apoftolique; fur leurs droits, fur leurs forces, en leur propofant de les rendre libres; je connois ce peupie, Saint Pere , malgré tout ce qu'a fait le facerdoce pour fe dégrader, j'ai apperçu en lui fes germes de la grandeur & des vertus des anciens maitres du monde ; je fuis sûr qu’il accueilleroit les Français avec tranfport, & que deviendroïit votre fainteté & [a pa= pauté? Ces faits & ces obfervations méritent de férieufes réflexions de votre part, Saint Pere, lifez dans le Moniteur univerfel mes fettres an roi de Prufle & au duc de Brunfwick, certainement ces Princes fe repentent de n’avoir pas fuivi mes confeils; foyez plus prudent, faites ce que je vais vous dire, & vous acquerrez une grandeur immenfe..
Affemblez vos peuples, Saint Pere; levez-vous au milieu d'eux, & dites leur :
» Defcendans du plus grand peuple du monde, affez & trop ong-tems l’impofture a défolé votre patrie, le jour de la vérité eft arrivé; je vais la dire, écoutezmoi. Mes predécefleurs , dévorés d’ambition & de cupidité, vous ont trompés , ils ont établi leur grandeur & leur pouvoir fur votre ignorance & votre crédulité, fur la fuperftition & le menfonge , fur laf. tuce & la violence, fur les fables & les erreurs dont ils ont conflamment corrompu vos efprits & vos cœurs; ils ont de même corrompu les rois & les guerriers, pour en faire Les inftrumens de leur pafion.
. Peuple, vous éres, depuis dix-huit fiecles | les E 3