Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

70 RÉVOLUTION

malheureufes vidtimes de ces impoñteurs, de ces ufurpateurs, de ces fourbes avides ::votre efclavage, votre pauvreté, font leur ouvrage; leurs richeffes ne sont que vos dépouilles. Dans l’origine , les papes étoient pauvres , ils regorgent de biens; ils étoient humbles, is font devenus fes hommes les plus orgueilleux de la terre ; ils fe difoient les ferviteurs des ferviteurs de Dieu , ils font devenus leurs maîtres. Lifez leur hifloire, vous verrez qu'ils ont {ong-tems enfanglanté la terre pour former , pour conferver , pour aggrandir leur domination. Comment donc avez-vous pu les con+ fidérer comme les miniftres d’un Dieu de paix! Vous verrez qu'ils ont envahi par rufe & par violence rous les biens dont ils jouifflent, et dont ils ont enrichi leurs familles ; ces brigands peuvent-ils être les ministres d’un Dieu juste? Vous les verrez prefque tous fouillés de vices & de crimes, & cependant vous les croiriez les reprféentans de l'être le plus pur! Quel aveuglement ! Comment: pouvez-vous croire à un Dieuhomme ? Comment pouvez-vous croire que cet hommedieu foit né d’une femme fans Fœuvre humaine ; qu’if ait fouffert comme nous les infirmités de l'enfance; ‘qu’il ait été pendu publiquement, & qu’il ait reflufcité de même , fans qu'aucun hiftorien du tems ait rien fu & rien écrit fur des événemens fi extraordinaires ? Comment pouvez-vous croire qu'un homme, que les ‘hommes même les plus corrompus puiflent tous les jours faire un Dieu avec un morceau de pâte, le manger & le digérer ? Les cloaques de Rome font donc pleins de Dieux? Comment pouvez-vous croire qu’un Dieu immuable ait cependant mille fois changé les lois de la nature en faveur de quelques particuliers aux-