Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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Jouets perpétuels de l'ignorance , de l'erreur , de l’adu= lation, de la fourberie, de l’impofture , de Pintrigue de l'ambition & de la cupidité de tous ceux qui les entourent ; ils ont toujours les mains liées pour faire ce bien de leurs peuples, ils ne font jamais libres que pour faire le mal; leur inviolabilité les rend odieux en Jaïflant impunis tous les crimes qui fe commettent en Jeurs noms ; des millions d'hommes font les vidimes nnocentes de lorgueil, de l'ambition, de la voracité dune poignée de princes, de courtifans & de miniftres; le manteau royal ne couvre guères que des automates qui n’afliftent à leurs confeils que pour y figner aveuglément tous ce qu’on leur préfente, & qui ne s’afleoient fur le trône que pour y faire quelques geftes, 6 répéter quelques phrafes préparées.

Ces phantômes de la royauté n’en font aucune fonc+ tion , ils perdent le temps en débauches , en frivolités, äls ne font rois qu’en titre & pour la forme feulement ; enfin , ils ne font réellement que les prêtes-noms & les efclavesde leurs courtifans & de leurs miniftres , jufqu’au moment où la haine des peuples exaltée par l’excès de eur mifère, terrafle le tyran qui a fantionné toutes les caufes de leur défefpoir. Avouez, fire, que ce tableau de la royauté eft d’une vérité affreufe.

El eft donc exaétement vrai que les rois ne perdroient, par Pabolition de la royauté, fans effufion de fang, ‘qu'un titre vain & très-onéreux pour eux-mêmes » & que cette fuppreffion ne feroit funefte que pour les courtifans & les miniftres qui perdroient tous les moyens qu’ils ont accumulés dans leurs mains pour dominer , Por piller & pour s'enrichir. Si quelques rois en fe fatrant préfomptueufement & vainement de rompre les