Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

FRANÇAISE. 77 chätnes dont la royauté eft furchargée , s’intérefloiene encore à fa confervation , ce ne feroit certainement qu’à condition qu’elle refteroit revêtue du pouvoir abfolu de donner leurs volontés pour des loix , de ne mettre aucune borne à leurs défirs, à leurs dépenfes; de n’éprouver aucune réfiftance, de n’avoir aucun compte à rendre ; & qu'avec le droit de laïfler cet injufte & funefte pouvoir à leur’,cftérité : mais, fi les peuples éclairés enfin fur leurs droits, fur leurs forces, &, depuis fi long-temps viétimes du defpotifme, le repouffent dans le néant; s’ils veulent que les chefs de leur gouvernement ne foient que des Régifleurs éclairés, laborieux, honnêtes, éle&ifs, amovibles &c refponfables, que feront ces defpotes ? Je le répète , c’eft l’imprudent effai de Pultima ratio regum contre la liberté de la nation Françaïfe, qui a brifé le fceptre de cette Monarchie, & Ja même caufe pourra produire ailleurs les mêmes effets.

Puifque cette imprudence eft fi ménaçante pour les rois coalifés, il eft évident que pour fortir de l’embarras où les ont jetté leurs perfides confeiïllers , ils ne doivent plus les confulter ; ce n’eft pas feulement leur mauvaife foi qu’ils ont à redouter , c’eft auffi leur ignorance dans la fcience du gouvernement; &, pour vous en convaincre, fire, je vais vous efquiffer le tableau des connoiïffan.ces & de la conduite des courtifans , des miniftres & des ambaffadeurs,

La fcience des courtifans & des miniftres confifte à étudier les inclinations de leurs maîtres pour en abufer; à carrefler, à cultiver leurs vices, lorfqu’ils en ont; à leur en donner , s’ils n’en ont point ; à les exciter à Îa profufion ; à leur infpirer du goût pour les exercices & les amufemens les plus difpendieux, fur-tout pour ceux