Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

È FRANÇAISE. _ 79 pour rebuter , par les difficultés, ceux qui voudroïenz éclairer les abus & les réformer,

Telles font, fire, les connoïffances &c {a conduite des courtifans & des miniftres: ces fripons s'entendent aufli avec vos ambafladeurs , également intéreffés, à vous tromper , & qui ne font, ainfi que votre Majefté , inftruits des affaires de France , que par leurs confrères, par les émigrés, par le comité Autrichien , & par les calomnies qu'il faifoit imprimer & répandre dans toutes les cours, Ces ambafladeurs font, d’ailleurs, trop ignorans pour bien voir, en affaires aufli nouvelles, aufli étrangères à la diplomatie, qui n’eft que morgue, efpionage, intrigue, aftuce , abfurdités & diffimulation.

La fcience du négociateur confifte efféntiellement à favoir compofer des conventions fufceptibles de toutes fortes d’interprétations , & dans lefquelles on puiffe toujours trouver des moyens de rupture, felon les circonffances ; enforte qu’on peut dire, avec vérité, que les actes diplomatiques font autant une fource perpétuelle de guerres que les aétes des notaires font une fource perpétuelle de procès.

Enfin, fire, les ambaffadeurs font perfuadés , comme les fois , qu'il n’y a point de morale naturelle, univerfelle; ils ne connoïffent que le droit du plus fort & du plus adroit : les droits de l’homme & des nations n’exiftent point pour eux ; jamais les intérêts direêts des peuples m’entrent pour rien dans leurs négociations, excepté en matière de commerce pour en multiplier les entraves , pour en faire des moyens de rapines & d’hoftilités, enforte que la guerre des douanes remplace toujours celle des armes , & fouvent la renouvelle. Telle eft , fire, la fcience diplomatique ; il avoit donc raifon, le grand