Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

80 RÉVOLUTION Fréderic, d’avoir le plus profond mépris pour le gri= moire & pour les excellences de la diplomatie.

Tels font, fire, les repréfentans & les confeillers des rois dans toutes les cours de l'Europe. Voilà, comme font adminiftrées les affaires intérieures & extérieures des États Monarchiques : interrogez tous ces gens-là, ils vous diront que les peuples ne peuvent être gouvernés que par l'ignorance, l'erreur & la crainte ; par l’impofture & la force. En conféquence, les prêtres fe font chargés d’empoifonner l’homme dès l'enfance, d'erreurs & de fuperftitions; & les guerriers ou les nobles fe font chargés de convertir les incrédules , & de réduire les infurgens à coups de fabres & de fufils : & voila ce qu’ils appellent : Part de régner.

Telle eft la fource de tous les maux, qui, depuis tant de fiècles, défolent les Nations. C’eft ainfi que chaque inflant de la vie des rois, eft fouillé d’une foule de crimes , que commettent impunément leurs mandataires en leurs noms. C’eft cet abominable répime, qui a détruit les empires, dont il ne refte que le fouvenir. C’eft Ia paffion pour le defpotifme qui a conduit, fur léchafand, Charles I.‘ en Angleterre. C’eft le defpotifme rapace qu’exerçoit le miniftère anglais fur {es coJonies américaines, qui leur en a fait fecouer le joug. Les Suifles ne fe font également rendus libres, que pour fe débaraffer de la tyrannique domination de l’Autriche. Enfin, c’eft le defpotifme quia détruit, en France, la royauté, & les rois qui, comme Louis XVI, s’opiniatreront à vouloir conferver ce pouvoir arbitraire, éprouveront tôt ou tard le même fort que lui.

Je voudrois vous détourner, fire, de tout projet hoftile contre les français, parce que ces hoflilités introdui-

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