Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

FRANCAISE. 8} de vous-même , vous favez interroger & écouter ;-dans une foule de raifonnemens, vous failifliez le meilleur ; toutes les fois que vous avez voulu prendre en main,les rênes du gouvernement, vous vous en êtes acquitté à merveille; fans inftruétion , votre fimple bon fens vous conduit aux réfuleats que d’autres n’ont faifi qu’à force d'étude & d'expérience ; enfin, vous avez un caractère probe & décidé, par le bien que vous avez fait, on peut juger de celui que vous ferez lorfque vous en fentirez a néceffité; il ne vous manque donc , fire, pour règner avec fagefle & fuccès, que de renoncer aux frivolités @ de vous pénétrer d’une volonté bien déterminée d’être véritablement:roi,.

Je me fouviens qu’étant à Florence, vous demandätes, fire, à Léopold , qui vous étaloit fes connoïffances dans l’art de régner: Combien as-tu de Napolitains dans ta Tofeane? 1 y en a peu, vous répondit-il. Hé bien, lui répliquâtes-vous, ÿ’ai plufieurs milliers de Tofcans dans mes Etats. Cette réponfe, fire, eft plus brillante que folide, & vous auriez tort d’en conclure que vos Etats font mieux gouvernés que ceux de la Tofcane. Le territoire Tofcan eft peu fertile ; & quoiqu'il n’y ait pas un pouce de terrein perdu, fes produétions ne fuffifent point à fa population ; il faut donc que lexcédant de cette population aille chercher à vivre ailleurs. Si l’émigration eft moindre dans les deuxSiciles, c'eft que leur territoire, quoique mal cultivé, eft d’une fertilité f grande, qu'il pourroït nourrir une population double de la fienne ; c’eft encore queles Napolitains groffiers, fans éducation, fans talent, fans inftrution, trouveroient ailleurs peu de reffource , tandis, qu’au contraire, les Tofcans pleins d’aménité, d'intelligence & de lu-+

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