Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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mières, trouvent par-tout des moyens de fortune: “Je vous rappelferai , fire , avec plus d'intérêt , la leçon que vous donnèâtes à Jofeph II pour ie guérir de fa noyomanie. ,, Tu as tout changé dans tes Etats, fui difiez-vous , tu veux enfeigner tout à tes fujets, tu vou droïs leur dénner un nouveau foleil, une nouvelle terre, cependant tout va de mal en pire chez roi, la misère n’y a jamais été fi grande que depuis que tu es fur le trône, ta population diminue à vue d'œil; quant à moi, je penfe que lorfqu'on ne peut changer les chofes en bien d’une manière évidente , il vaut mieux les jaiffer comme elles font; cependant fi l’on me propofoit le vrai bien; & que ce vrai bien me fût démontré, je le ferois avec la plus grande fatily falion ,,.

Ce difcours eft celui d’un fage; on y reconnoît votre bon efprit, fire, votre excellent cœur, l’un & l’autre difpofés à fentir la vérité, à l’embraffer ; hé bien, je vais vous la dire,

Sachez d’abord , fire, qu’il vous eft impoflible d’éviter une révolution orageufe chez vous, fi vous continuez de prendre les intérêts de Louis XVI & ceux de la maifon d'Autriche, & fi vous ne vous hâtez de faire dans votre gouvernement les réformes néccflaires. Sachez auffi qu’il vous fera impoffible de fuivre ces confeils aufli long-temps que vous ferez fous la domination de l’Autrichienne la plus dévorée d’ambition pour fa famille & de haîne contre la vôtre ; d’oùil réfulte que les premiers aûles de juftice que vous devez à vos peuples qui déteftent Ja reine & le général Aëton, & que vous vous devez à vous-même pour la sûreté de voire vie , font de faire renfermer promptement votre redou-