Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

FRANÇAISE. 8s table ennemie, ou de la renvoyer à Vienne fous garde sûre & de faire pendre A&on. Oui fire, fans ces opérations préalables, vous ne pourrez ni éviter votre perte, ni conquérir la confiance & l’amour des Napo= litains, donc vous avez abfolument befoin pour taire ces réormes convenables à vos vrais intérêts, qui font inféparables, & les mêmes que ceux de vos peuples.

Vous n'êtes pas, fire, dans le cas de l'empereur Claude, qui feul dans Rome ignoroit les débordemens de Meffaline; je me rappelle la réponfe fpirituelle que vous fîtes à un courtifan qui vous plaïgnoie du liber-… tinage de la reine ; laiffez-la faire, lui répondites-vous, elle croifera ma race qui en a befoin ; maïs vous ignorez les excès auxquels fe livre cette femme lubrique avec fon cher Aëton. Voyez-les fe voluptneufer derrière une tapifferie à claire-voie qui les cache & les laïffe jouir du fpe&tacle des deux fexes nuds , exécutant tous les actes de la pédéraftie, de la tribaderie, &c...

Parce que vous n'avez ‘ait, fire , aucune étude, vous avez une grande opinion du favoir de la reïîne, elle vous en impofe par quelques lieux communs d’hiftoire , de philofophie & de médecine, dont elle a chargé fa mémoire, & dont elle fait les plus fottes applications; c’eft une pedante abfurde qui a fu quelques livres fans y rien comprendre, & qui n’a aucune connoïffance réelle, aucun talent, aucune vertu ; vous reconnoîtrez vous-même, fire, la fottife de la reine, fi vous faites attention avec quelle rapidité, dans fon bavardage , elle pafle d’un fujet à un autre fans fuite, fans rapports entre eux, il lui eft impoflible de lier enfemble trois idées concordantes. Rappellez-vous , fire, la confultation qui fe tint en 1788 dans [a chambre du feu prince royal,

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