Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

86 RÉVOLUTION qui fe mouroit; fa marâtre n’cût-elle pas l’impertinence d'interrompre les médecins les plus célebres, pour leur citer des phrafes qu’elle avoit lues dans l'avis au peuple de Tiflot, & dont elle faifoit la plus faufle application par excès de préfomption & de bétife, Si cette femme m'étoit que libertine & pédante, elle ne feroit que méprifable , & je n’en parlerois pas; mais. elle prodigue à fon amant, à fes tribades , à fes favoris, le fang de vos peuples, fire, qu’elle fe fait un plaifir de ruiner, comme faifoit fa fœur Antoinette en France ; mais cette femme vous décefte, elle ne s’intérefle qu’à faire retomber votre royaume fous la domination Autrichienne ; c’eft pour cela qu’elle a détruit, tant qu’elle a pu, fesenfans mâles, & qu’elle ne conferve que fes filles; &, fi vous ignorez ces vérités, fire, vous êtes le feul dans Naples; enfin, c’eft parce qu’on connoît cette fcélératefle de la reine, qu’elle eft en exécration à tous vos fujets, qui l’accufent d’ailleurs, avec juftice, de tous les maux qu’ils fouffrent; il vous eft donc impoflible, fire, de vous faire aimer de vos malheureux fujets, fi vous ne les délivrez pas, aïnfi que vous-même, de certe femme horrible , d'A&on & des autres miniftres & favoris qui ont leur confiance particulière. = L'hifoire nous montre aflez de monarques que les infidélités de leurs époufes n’ont point empêché de régneravec gloire; maïs, c’eft qu'ils ne leur permettoient pas de fe mêler ; en aucune manière, des affaires du gouvernement; & vous, fire, comment pouvez-vous fouffrir qu'une femme telle que Marie-Caroline régne à votre place ! N’eft-ce pas vouloir fe malheur de vos peuples ?. N'eft-ce pas courir à votre perte? Quelle honte qu’un pareil monfire préfide à : votre confeil