Louis XVI et la Révolution

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royalistes, au moins, auraient dû admirer, cette espèce d'héroïsme passif avec lequel il reçoit toutes les atteintes qu'on porte à son autorité : « Prions-le encore une fois de venir au-devant des coups avec le bon caractère qu’on lui connait; que Sa Majesté veuille bien endosser l’habit de chasseur national; qu’il monte une garde pour faire honte à tous nos jeunes élégants, et qu’enfin il se fasse ballotter au club des Jacobins, présenté par deux amis. Si le scrutin lui est favorable, il pourra se déclarer hautement le chef de la Révolution, et alors la nation le proclamera une seconde fois le restaurateur de la liberté française. Ainsi soit-il! » Le pape lui-même raille cette douceur trop évangélique de Louis XVI, dans la copie peu conforme que les Actes donnent de sa lettre : « Un ex-roi de France serait, à ce que je crois, le plus grand personnage du monde. Aucun n’effacerait sa gloire. Mais vous vous complaisez dans les tribulations. » Les Apôtres, peu charitables, ne voient dans l'horreur de Louis XVI pour la guerre civile qu'une véritable lâcheté, puisqu'ils s’en remettent, pour réparer les désastres de la Révolution, « au premier roi qui aura du courage ». Ils le disent même plus explicitement :

Ce seul désir de sauver ta personne T’a rendu nul, et l’État est perdu.

Enfin, suprême injure, ils l’accusent de manquer à sa parole, d’une façon indirecte il est vrai : leur pape est censé écrire à Louis XVI cette aménité : « Je ne peux que réprouver les changements que l’on fait chez vous à la discipline ecclésiastique ; car je ne me joue pas de mes serments. »

Ainsi la contre-révolution, dont les Actes sont l'organe, ainsi ces journalistes plus royalistes que le roi, abandonnent Louis XVI et le compromettent en même temps. Cette lente déchéance qui, même à distance, excite parfois encore une