Louis XVI et la Révolution

L'AGITATION A PARIS. 271

sourde commisération, ne lui vaut que des sarcasmes, comme celui-ci :

Entre savants quelquefois on dispute

D'où vient ce nom, pouvoir exécutif,

Que donne au roi le corps législatif?..

Eh! le voici : trop faible pour la lutte,

C'est un pouvoir, hélas, qui s'exécute.

Est-ce tout? Non : la plaisanterie est quelquefois pire encore. Grâce à la folle imprudence des Apütres, leurs lecteurs pourront donner un autre sens à ce mot nouveau : le pouvoir exécutif est un pouvoir qu'on exécute.

Jamais en effet le classique pavé de l'ours ne fut lancé avec autant de raideur et de précision. Bien avant qu'il vint à la pensée des plus farouches députés de menacer la vie du roi; quand le peuple, même dans ses visites les plus violentes aux Tuileries, se contenait encore devant Louis XVI, les Apôtres, avec une témérité coupable, parlent de la mort du roi, uniquement pour rendre leurs adversaires odieux, bien entendu, mais sans faire cette réflexion bien simple qu’à force de prêter aux gens des projets, on finit par leur en faire admettre la possibilité. Dans une tragédie intitulée l'abbé Maury vainqueur, ou les quatre pendus, il n’est question que d’assassiner le roi et la reine. Dans un dialogue entre « Robertpierre » et Damiens, le premier dit au régicide : « l'opinion publique nous a plus gênés qu'on ne croit; mais vous devez être content de ce que nous avons fait du roi. » Et le fantôme répond : « Non pas pour mon compte, ni pour celui de mon ami Ravaillac; et je m’étonne, mon neveu, qu'avec le sang qui coule dans tes veines, tu me tiennes cel étrange propos. Aurions-nous voulu, Ravaillae et moi, de la personne de Henri IV et de celle de Louis XV, s’il avaient été réduits à l’état où vous avez mis Louis XVI? » Robespierre ne se démonte pas : « Voilà comment l'intérêt particulier s'oppose toujours à l'intérêt général, Convenez-en, mon oncle : pour le plaisir de