Louis XVI et la Révolution

VARENNES ET SES CONSÉQUENCES. 289

à les suivre, que le premier coup de canon serait pour la voiture du Roi et le second pour eux, s’ils ne faisaient pas leur devoir.»

Le chemin même que Louis XVI a choisi est mauvais, dangereux : le marquis de Bouillé aurait préféré celui de Reims. Mais le roi n’a pas voulu, il craint d’être reconnu dans la ville où on l’a sacré. Ce qui ne l'empêche pas de se montrer à chaque instant dans le voyage, de ne pas prendre les précautions les plus simples pour cacher sa figure. Il est reconnu une première fois par un voiturier, à Vauderlans ; une seconde fois à Châlons, par le maïtre de poste, qui ne dit rien. À Sainte-Menehould, il passe la tête à la portière, interroge, avec une agitation maladroite, le maître de poste sur le point où il faudra prendre la route de traverse pour Varennes ; il donne ainsi à Drouet le temps de confronter les traits du voyageur avec l'effigie du roi sur un assignat, et d'expédier en avant son fils, qui prépare une souricière à Varennes. Nouvelle imprudence à Clermont : le roi adresse la parole à M. de Damas, et la reine est obligée de lui faire signe de se taire. Il descend de voiture pour monter une côte à pied, et retarde ainsi la marche de la voiture, ce qui désoriente le baron de Goguelat et le duc de Choiseul, d’après le récit impartial de M®% Campan. La narration de M°° de Tourzel n’est pas tout à fait conforme à cette première version : « Le Roi, dit la duchesse, ne descendit qu’une seule fois dans toute la route, entra dans une écurie où il n’y avait personne, ne parla à qui que ce soit, et remonta sur-le-champ dans sa voiture. Les enfants descendirent seulement deux fois, dans des moments où les postillons montaient au pas de grandes côtes, et dont je profitai pour leur faire prendre l'air; mais cette petite promenade ne causa aueun retard. » Mais ces Mémoires, écrits longtemps après les événements qu’ils racontent, sont visiblement inspirés par le désir de réfuter tous les témoignages déjà publiés, et surtout ceux qui peuvent nuire à la mémoire de Louis XVI. Il vaut donc mieux s’en tenir au récit de M" Campan, et inscrire au passif du roi les différentes

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