Louis XVI et la Révolution

VARENNES ET SES CONSÉQUENCES. 305

semble au premier abord que, pour répondre à cette question, l'on n’ait qu'à prendre la déclaration adressée à la France par Louis XVI en quittant Paris : « Quel plaisir n’aura-t-il pas à oublier toutes ses injures personnelles et de se revoir au milieu de vous, lorsqu'une Constitution qu'il aura acceptée librement, fera que notre sainte religion sera respectée, que le gouvernement sera établi sur un pied stable et utile par son action, que les biens et l’état de chacun ne seront plus troublés, que les lois ne seront plus enfreintes impunément, et qu'enfin la liberté sera posée sur des bases fermes et inébranlables! » Toute cette phraséologie ne signifie rien, ou elle veut dire que l’on rendra ses biens au clergé; que la noblesse rentrera dans ses droits féodaux; que le roi redeviendra absolu, sauf les quelques restrictions apportées à son omnipotence par une constitution qu'il arrangera à sa guise; enfin que l’ancien régime sera rétabli, autant que faire se pourra. Tout cela se trouvait très probablement indiqué plus clairement dans les lettres échangées entre Louis XVI et le marquis de Bouillé, pendant que ce dernier préparait l'évasion : « Cette correspondance, dit le marquis, avait une grande activité. Il serait sans doute bien intéressant de pouvoir rapporter ces lettres dans lesquelles le Roi m’ouvrait son cœur sur sa situation, sur ses malheurs, et sur ses projets, qui n’avaient constamment pour objet que le rétablissement de la paix et de la tranquillité de son royaume, aux dépens de son autorité et de ses jouissances personnelles; ne se proposait d'employer la ressource des armes que quand celle de sa bonté aurait été épuisée; mais l'importance de cette correspondance m'a contraint, pour la sûreté du Roi, d’en brüler toutes les lettres à mesure que je les recevais. » Si d’un côté le marquis de Bouillé rend hommage au bon cœur de Louis XVI et à l'excellence de ses projets, de l’autre il croit plus prudent de brûler ces chefs-d’œuvre de sensibilité. Ils auraient donc été dangereux pour le Roi. Nous pouvons supposer très vraisemblablement que ce qui paraissait 20

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