Louis XVI et la Révolution

VARENNES ET SES CONSÉQUENCES. 307

se trouve, et en confiant ses peines à l’empereur son beau-frère il ne doute pas qu'il ne prenne toutes les mesures que son cœur généreux lui dictera pour venir au secours du Roi et du royaume de France. »

Quant à la reine, elle paraît tout d’abord mieux au courant de la situation nouvelle. Le 30 juillet, elle écrit à son frère une longue lettre très raisonnable, où, faisant contre mauvaise fortune assez bon cœur, elle accepte la Révolution; elle admet que le roi, en l’acceptant lui aussi, trouvera « dans les dispositions de la nation, dès qu’elle sera calmée, plus de déférence, et des dispositions plus favorables que celles qu'il pourrait attendre de la plupart des Français qui sont actuellement hors du royaume ». Cela est très sage; mais, le lendemain, la reine envoie ce billet à Mercy : « Je vous ai écrit le 29 une lettre que vous jugerez aisément n'être pas de mon style. J'ai cru devoir céder aux désirs des chefs de parti ici, qui m'ont donné eux-mêmes le projet de lettre. J'en ai écrit une autre à l'Empereur, hier 30; j'en serais humiliée, si je n’espérais pas que mon frère jugera que dans ma position je suis obligée de faire et d'écrire tout ce qu’on exige de moi. » La contradiction, pour employer un mot parlementaire, est flagrante. Rentrés à Paris, le roi et la reine, suivant la formule qui s'impose, n'avaient rien oublié ni rien appris : puisqu'ils ne pouvaient plus passer à l’ennemi, ils allaient appeler l'ennemi en France.

Louis XVI et Marie-Antoinette ont commis toutes les fautes, y compris le crime de haute trahison. Dans un mémoire adressé à Léopold IF, le 8 septembre 1791, par la reine, le casus belli que pourrait chercher l’empereur est tout indiqué : « Il est impossible que les puissances unies voient sans crainte une seule nation, et une nation aussi puissante que la France, élever sa force armée dans un degré prodigieux, sans aucune proportion ni mesure avec les autres nations. Aucun souverain en Europe n’augmente ses troupes à un degré sensible,