Mémoire sur la Bastille

262 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

lontés auxquelles il n’étoit plus guère possible de résister.

Pour le satisfaire et le calmer, on envoya cinquante hommes, tant bourgeois que soldats aux gardes, à la recherche de l’accusé. Cette complaisance ne produisit aucun effet. « Il n'est pas loin, dirent quelques-uns, mais on ne veut pas nous le montrer. » — « On alloit jusqu’à croire, m'a dit M. de La Fayette, qu'il étoit sous le bureau, caché entre mes jambes. »

Sur ces entrefaites, un long colloque s’établit entre notre général et un sergent de la garde de Paris. Celui-ci indiquoit un cabinet de l'Hôtel de ville, très propre, disoit-il, à cacher un homme. « Fort bien, répondit sérieusement M. de La Fayette, il faut fouiller ce cabinet. »

Nouvelle délibération à cet égard, et qui prit un temps considérable; c’est ce que l’on pouvoit faire de mieux. Enfin, le sergent fut autorisé à la recherche en question, et il partit avec mainforte. Pour moi, fatigué de tant de vains propos, je cessai d'écouter, et me mis à considérer M. de La Fayette, car c’étoit mon vrai cadran pendant les heures désastreuses.

J’admirois son sang-froid et sa sérénité, qui alloïient toujours en augmentant, tandis que le danger croissoit. Nous entendions en effet les cris