Mgr de Mercy évêque de Luçon et les serments de 1792-1795

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De l’abbaye de Lilienfeld (Basse-Autriche), Mgr de Mercy mandait encore, Le 20 février 1797, à M. Paillou, à propos de M" Sainton, prieure du couvent des Cerisiers (paroisse de Fougeré, diocèse de Lucon): « Cette sainte et admirable fille mande que le peuple de la Vendée n'a mis bas les armes (1796) qu'à condition qu'on lui laisserait le libre exercice de son culte ; il jouit de cette prérogative, mais elle craint qu'elle ne lui soit ôtée à cause de la soumission que le gouvernement exige : Je reconnais que l'universalité des citoyens est le souverain, et je promets soumission et obéissance aux lois de la République. Elle ajoute qu'il y a sur cela diversité d'opinions et elle en craint un grand mal; elle presse pour qu'on fasse passer mon avis et il serait de règle, l'abbé de la Colinière (vicaire général resté dans le diocèse de Lucon) l’attend avec impatience. Elle dit que tous les prêtres qui exercent le ministère dans la Vendée se sont refusés à cette soumission jusqu’à présent et jusqu’à ce qu'ils soient éclairés et dirigés par moi, bien disposés à tout souffrir plutôt que de prévariquer. Elle ajoute que le clergé de la Bretagne qui avait refusé le serment a fait la soumission ; beaucoup dans l'Anjou et dans d’autres diocèses ont imité, quelques-uns dans la Vendée sont ébranlés; le peuple, à qui on fait entendre qu’il n’y a rien dans cette soumission de contraire à la conscience, commence à murmurer, et on craint les suites les plus fâcheuses. Hâtez-vous, dit-elle (à M. Irland, vicaire général de Lucon, réfugié à Londres), d’obtenir de notre évêque une décision qui rassure et règle les consciences ; tous protestent que c’est l’unique règle qu'ils veulent suivre.

« C’est le 10 octobre (1796) qu’elle écrivait ; qu'est-il arrivé depuis ? Je n’en sais rien, Dieu le sait. Vous sentez combien il importe que mes dernières instructions arrivent dans ce pays-là. J'espère qu’elles y seront arrivées.

« J'ai répondu à M° Sainton dans les principes que vous me connaissez ; je lui dis qu'en soi la déclaration demandée n’est pas permise, et je lui en donne les raisons. Je lui dis cependant que s’il ne s'agit que d’avouer le fait de l'existence actuelle de la souveraineté dans les mains du peuple français, on le peut, puisque c’est un fait notoire ; mais qu’il est impossible d’avouer en principe la légitimité de son usurpation et des moyens qu'il a