Missions dans le Diocèse d'Angers : sous la restauration

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et en costume il était mieux de n’y pas aller du tout. Dans tous les cas, il n’appartenait pas, je crois, à M. le Supérieur de la mission de se constituer juge de la conduite de Pautorité administrative et rien ne pouvait l’autoriser à signaler à l’animadversion publique les dépositaires de l’autorité du Roi, lorsque surtout il n’avait éprouvé de leur part que de bons procédés et des marques de déférence. — Je suis donc forcé de conclure que dans le discours qu’il a prononcé en cette occasion, M. Guyon a essentiellement manqué de convenance et de mesure (1). »

Cependant certains habitants d'Angers qui étaient hostiles à la mission, résolurent d'empêcher le fruit de ces saints exercices. Dans son numéro du 23 décembre, le Journal de Maine-et-Loire publia une soi-disant lettre (2) de l’abbé Guyon, datée du jour même de la clôture de la mission : « Habitants d'Angers, je n’entrais dans votre ville qu’en tremblant, sans cependant avoir été prévenu contre elle, mais les hommes ne sont malheureusement pas tous comme la plus grande majorité de ceux que j'ai rencontrés ici; et, par ce que j'ai été à même de voir, il est de toute justice de publier ici les émotions que mon cœur a ressenties, en voyant avec quel zèle chacun a”répondu à donner les marques du véritable chrétien; aussi, que chaque personne reçoive

(1) Le 7 janvier 1830, le ministre de l'Intérieur répondit # «J'ai reçu vos lettres relatives à la mission d'Angers, et je ne puis que trouver très satisfaisants les détails qu’elles contiennent sur l’empressement et le zèle religieux que les habitants de cette ville ont manifestés dans cette circonstance. Il.ést à regretter qu’un parfait accord n’ait pas régné entre les fonctionnaires civils et judiciaires. Les discussions publiques entre les principales autorités produisent toujours un fâcheux effet sur la population, et les motifs qui ont déterminé votre conduite ne peuvent qu'être approuvés. » (Archives de Maine-et-Loire, série V.)

(2) Le journal désavoua plus tard la lettre.