Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

316 ANNEXE.

est l’intérêt de tous les temps, la conservation de leur indépendance.

Le succès de ces grandes mesures dépendait surtout de leur exécution en Hollande. La Hollande au contraire y met un obstacle ; elle a continué à faire le commerce avec l'Angleterre. Toutes les représentations de la France sur ce sujet ont été inutiles. S. M. I. a été forcée de recourir à des mesures de rigueur qui attestaient son mécontentement. Deux fois les douanes françaises ont été fermées au commerce hollandais. Elles le sont dans ce moment, de manière que la Hollande n’a plus aucune communication légale avec les peuples du continent ; et l’empereur est résolu à ne point rouvrir ces barrières, tant que les circonstances n’auront pas changé : en effet, ce serait les ouvrir au commerce anglais. La nation hollandaise, loin d’imiter le patriotisme des Américains, n’a paru guidée dans toutes ces circonstances que par de misérables intérêts mercantiles.

D'un autre côté, l’empereur voit la Hollande sans moyens de guerre ét presque sans ressource pour sa propre défense : elle est sans marine ; les seize vaisseaux qu’elle devait fournir ont été désarmés ; elle est sans énergie. Lors de la dernière expédition des Anglais , la place importante de Neere, qui n’était ni approvisionnée ni armée, n’a opposé aucune résistance ; et le poste important de Batz, d’où pouvait dépendre le succès de tant d'événements, a été évacué six heures avant l’arrivée des coureurs de l’ennemi. Sans armée, sans douanes, où pourrait presque dire sans amis et sans alliés, les Hollandais sont une réunion de commerçants uniquement animés par l'intérêt de leur commerce, et forment une riche, utile et respectable compagnie, mais non une nation.

S. M. I. désire la paix avec l'Angleterre. Elle a fait à Tilsitt des démarches pour y parvenir ; elles ont été sans résultat ; celles qu’elle avait concertées à Erfurt avec son allié l’empereur de Russie n’ont pas eu plus de succès ; la guerre sera donc longue, puisque toutes les démarches tentées pour arriver àla paix ont été inutiles. La proposition même d'envoyer des commissaires à Morlaix pour y traiter de Péchange des prisonniers , quoique provoquée par l’Angleterre, est restée sans effet, lorsqu'on à craint qu’elle pût amener un rapprochement. L’Angleterre, en s’arrogeant, par ses ordres de novembre 1807, la souveraineté universelle et en adoptant le principe d’une guerre perpétuelle, a tout brisé et rendu lécitimes tous les moyens de repousser ses prétentions. Si donc le changement qui a eu lieu