Oeuvres diverses
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tolérance et de la liberté n’existent pas pour lui. D'un pas calme et assuré, il s’'avance au milieu des cadavres et des crimes dont le culte véritablement digne de ce nom a parsemé la terre; il assiste avec sérénité à la condamnation d'Abélard, et nous raconte avec plus de tristesse que de colère la création des inquisiteurs, les massacres des Vaudois, d’Amboise, de Vassy, les SaintBarthélemy, les supplices d'Anne Dubourg, de Berquin, de Giordano Bruno, enfin tout le sillon sanglant tracé par la religion sur les pages de l’histoire. Quiconque aura Lu M. Simon ne pourra l’accuser d’intolérance, car il fait preuve de la plus grande impartialité entre les massacreurs et les égorgés ; on trouve même, pour la consolation de ces derniers, une série de maximes divines qui eussent valu aux peuples une éternité de martyres sous le joug des tyrans.
« Je vous dis, psalmodie Simon avec Jésus, de ne « point résister au mal que l’on veut vous faire, mais « si quelqu'un vous a frappé sur la joue droite, pré« sentez encore la joue gauche. »
« Si quelqu'un veut plaider contre vous pour vous « prendre votre robe, abandonnez-lui encore votre « manteau. Je vous dis: aimez vos ennemis, faites du « bien à ceux qui vous haïssent... »
La Révolution, heureusement pour nous, fut d'un. tout autre avis. Elle somma une dernière fois secs adversaires de revenir à la vérité et à la justice; ct lorsqu'ils lui eurent répondu par leur éternel -eri de guerre : « La liberté d'autrui est notre oppression, » lorsque la foi se jeta sur elle pour la déchirer avec ses dents et ses griffes, elle comprit l’irréconciliable dualisme de l'Eglise et de la Révolution. Alors, elle entreprit courageusement de délivrer le monde des monstres qui l’avaient jusque-là souillé et broyé. Certes, la Révolution a mérité les anathèmes de Jules Simon. :