Oeuvres diverses

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ménage maudit le père et la mère absents chacun de leur côté ; l'enfant, que la mère ne peut plus allaiter, « abandonné à des mains étrangères; puis une ef« frayante mortalité, des habitudes morbides parmi « les enfants qui survivent, une dégénérescence crois« sante de la race, l'absence complète d'éducation mo« rale. » Il charge des plus sombres touches ce sinistre tableau : « Les enfants de trois à quatre ans errent au « hasard dans les ruelles fétides, poursuivis par la « faim et le froid; quand, à sept heures du soir, le « père, la mère et ces enfants se retrouvent dans « l'unique chambre qui leur sert d'asile, le père et la « mère fatigués par le travail, et les enfants par le « vagabondage, qu’y a-t-il de prêt pour les recevoir ? « La chambre a été vide toute la journée, le foyer est « mort: la mère, épuisée, n’a pas la force de préparer « des aliments, tous les vêtements tombent en lam« beaux. Voilà, dit Simon, la famille telle que les ma« nufactures nous l'ont faite. » Et l'ouvrier ne restera même pas « dans cette chambre étroite et malpropre, « privée d’air, où l’attendent un repas mal préparé, « des enfants à demi-sauvages, une femme qui lui est « devenue presque étrangère. Il ira au cabaret en« gloutir ses profits et ruiner sa santé. » Enfin Simon, pour conclure, évoque le formidable fantôme de la misère côte à côte avec la richesse, du paupérisme debout au milieu de l’industrie prospère, d’un peuple esclave de par l’iniquité sociale édifiant, au prix de sa dignité et de sa vie, les fortunes et les palais de ses exploiteurs. Et lorsque le cœur se brise au récit de ces misères, lorsque l'esprit s’indigne et que tout ce qu'il y a d’humain dans notre être crie : « Pitié ! pitié pour « tant de souffrances ! justice pour tant de labeurs * ? Le spiritualiste Simon se croise les bras en fredonnant son immuable refrain : « Lasciate ognt speran&t: fl « faut se résigner à faire le bien par le perfectionne-

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