Oeuvres diverses

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«ils ne tissent pas et sont plus richement vêtus que « Salomon dans toute sa gloire. » Mais les banquiers et chefs de fabrique démocrates ne seraient point contents. Tous ces oisifs filent des dithyrambes au travail comme des odes à la gloire, afin de voiler une réalité qui serait trop atroce.

Le spectacle des maux populaires est un sauvage et grandiose paysage dont ils décrivent en artistes les M oppositions d'ombre et de lumière, les tons et les couleurs, afin de saisir les nerfs des petites maitresses et de créer des émotions aux aristocraties.

Aussi, est-ce avec une sorte d’acharnement féroce que Simon nous plonge dans ces cercles de Dante où retentit, encore plus effrayant que dans la grotte des Cyelopes, le sourd grondement des machines et des marteaux dominé par l’aigre sifflet du contremaitre ; il fait défiler sous nos yeux les damnés des enfers industriels attachés à leur supplice : Sisyphes roulant le dur roc du pain quotidien, attachés à la roue de la faim; Tantales dévorant de leurs regards affamés les jouissances de la vie. Voici Rouen avec ses ouvriers débiles, souffreteux, écrasés sous la douleur et le désespoir, el où semble imprimée à jamais la grif fe des Sénard et des Franck-Carré ; Rouen avec ses huttes ci sa peuplade déguenillée dont Adolphe Blanqui écrivait : « Il faut « que personne nignore qu'il existe des milliers « d'hommes parmi nous, dans une situation pire « que létat sauvage. » Voici Amiens, la ville riante aux vases rues, aux magnifiques promenades ; elle possède la plus belle cathédrale du monde et le triste faubourg de la Veillière, qui semble endormi et fait mal à voir. La cathédrale de Reims, où se sacraient les rois, tient sous son ombre une des plus épouvantables misères de France. Ce gémissement est Roubaix ; cette plainte, Lille et Saint-Quentin. Un long hurlement de colcre et de haine indique Lyon et ses canuts chétifs,

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dE. Lu