Oeuvres diverses
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sister aux enseignements étalés de toutes parts par la haute société. Il demande le rétablissement de la famille en laissant debout tous les éléments qui s’oposent à sa reconstitution. Qu'il réclame d’abord le rétablissement de la morale et de la justice !
Mais tous ces économistes n’ont qu’un souci : ouvrir de nombreux débouchés à l’industrie, jeter dans le nouveau tourbillon de nouveaux peuples, de nouvelles terres, attacher à la chaine les peuplades jusque-là tranquilles. Il semble qu'ils aient juré de ne plus laisser un seul instant de répit au monde entier. En proie à une sorte de rage frénétique, tous ces honnêtes savants creusent le gouffre, sous prétexte de le fermer. Au moment même où le progrès des sciences et l'introduction des machines semblaient assurer des loisirs à l'humanité, les peuples se trouvent voués à un travail haletant, fébrile, superflu, qui ne fait point pousser un grain de blé et n'avance pas d’une seconde le moment de leur régénération. Produire sans but, sans espoir et sans trève, afin d’édifier la statue d'or et d'argent du dieu Luxe; produire même en jetant dans le funeste engrenage sa vie, sa pensée, ses enfants, son avenir, produire même sans consommer, sinon les restes du privilégié ou quelque produit avarié; tel semble le dernier mot de la civilisation moderne. « Travaille! » hurle l’économie politique, chaque fois qu’un prolétaire relève la tête, «c’est ton honneur « c’est ta gloire, le plus beau lot de l’humanité ». Et lorsque leurs dithyrambes ne suffisent pas, « un gou« vernement très ferme et très réservé » ajoute l’argument de la mitraille et du sabre. Les Simon se doublent des Cavaignac et des Charras.
L'art perfide des hommes est de dépeindre au peu: ple, sous les plus noires couleurs, tous les instruments d'émancipation, de lui faire prendre en haine toute