Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

ÉLOGE D'ATHANASE AUGER 239

l’abbé Auger se perfectionnait chaque jour en vieillissant. A l’âge où les autres hommes ne peuvent plus même conserver ce qu’ils ont appris, son talent recevait une croissance nouvelle; il acquérait des méthodes plus courtes, une manière plus sûre; ilse repliait plus habituellement sur les impressions de sa vie; et comme ceux qui ont beaucoup travaillé savent qu’en général nous ne conduisons pas notre esprit, mais que notre esprit nous conduit : comme il arrive presque toujours que la méditation nous fait rencontrer autre chose que ce que nous cherchions, l’abbé Auger a fini par être inventeur; ses discours préliminaires, qui n'étaient d’abord qu’historiques, sont devenus de véritables ouvrages où, non seulement son expérience de quarante ans pose les lois immuables de la traduction; mais où il s'élève encore jusqu'aux règles de l’art oratoire avec un sens exquis, et une raison que n'eussent pas désavouée Quintilien, Aristote, Cicéron lui-même. Les jeunes gens qui naissent à l’éloquence populaire consulteront sans doute ces préfaces comme la meilleure rhétorique qui ait paru depuis longtemps. L'écrivain sera leur ami, titre qui aurait le plus flatté le modeste