Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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jamais prononcer ce mot; et, selon l'expression de plusieurs membres ; elle jeta un voile religieux sur cette grande mais dangereuse vérité. ;

Cependant le nom imposant de roi, la suite même des sacrifices que la constitution semblait exiger de Louis XVI, la douleur de voir ainsi faire des lois sans lui, le préjugé de l'obéissance servile, furent autant de moyens employés Pour arrêter encore l'assemblée. Alors s’élevèrent lescris hypocrites de ceux qui feignaient de plaindre le roi. Es lui témoignaient une tendresse passionnée dont il ne se serait pas douté, et qui aurait dû lui être suspecte, s’ilavait observé qu’ils regrettaientmoins son autorité, que la leur, et son pouvoir, que leurs priviléges. Tant de larmes simulées avaient pour objet d'arrêter l’acceptation des décrets du 4 août. Le roi en effet n’en accepta qu’un certain nombre, et fit des observations sur les autres; mais, sur les représentations de l'assemblée, il les accepta tous purement et simplement; et elle s’engagea à avoir égard aux cbservations du roi, quand elle ferait les lois qui découlaient de ces principes.

Ces temps glorieux de l’assemblée nationale furent ceux où elle posa une foule de vérités constitutionnelles, qui ont tant avancé l'esprit publicen France, et que ni le temps ni les révolutions ne pourront détruire tant qu'il y aura des livres. Par une noble émulation les citoyens de tout l'empire faisaient des offrandes et des sacrifices à la patrie; et les archives en conservent lesouvenir: des femmes et desfilles d'artistes en donnaient le premier exemple au sein de l’assemblée nationale.

Mais ces ressources du civisme étaient bien insuffisantes aux besoins immenses de l’état. Dans la désorganisation générale les recettes ne suffisaient plus aux dépenses. M. Necker alla exposer à l'assemblée cette malheureuse situation etles moyens d’y remédier. fl proposa, entre autres, de demander aux citoyens la contribution patriotique du quart de leurs revenus. L'assemblée en fut effrayée: mais, plus éloquent qu'il ne l'ait jamais été, grand par son geste, par sa contenance et par sa voix, Mirabeau la décida à décréter ; de confiance , la mesure ne par M. Necker. L'assemblée crut devoir y préparer

a nation parune adresse qui l’encourageait à des sacrifices nécessaires pour la conservation de la liberté et pour le salut de l'empire,

L'assemblée passa ensuite à la discussion des articles constitutionnels sur l’'hérédité au trône dans la famille actuellement régnante; et elle n’eut autre chose à faire que de copier ses cahiers. Cependant il s’élevaune questionimprudenteetinutile sur la renonciation de la branche des Bourbon actuellement régnante en Espagne. M. le duc d'Orléans, membre de l'as-